Avez-vous déjà entendu parler des fiches « ORU » et de leur utilité capitale en ces temps de crise sanitaire ? Cet outil, dont le véritable nom est en réalité « Fiche COVHO » souligne la dynamique des professionnels du soin de ville et leur capacité à intervenir en collaboration avec le milieu hospitalier. Explications avec Tamara Kuhbier, chef de projet au sein du Groupement d’intérêt Public e-santé Occitanie, porteur du projet.
Tamara, première question avant d’évoquer le bienfondé et l’utilité de cette fiche « COVHO ». Que se cache-t-il derrière cet acronyme ? Et, surtout, pourquoi de nombreux IDEL l’appellent-ils encore « fiche ORU » ?
(sourire) La confusion dans les noms vient peut-être de l’urgence dans laquelle nous avons dû lancer et démocratiser cet outil que de nombreux IDEL utilisent depuis le début de l’épidémie.
Je m’explique : 16 mars. La France découvre le coronavirus. Le 19 mars, soit seulement 3 jours après, le groupement e-santé Occitanie crée une fiche dématérialisée ultrasimple et pratique pour accompagner les professionnels de soin. Son nom initial : Fiche de télésuivi ville-hôpital Covid-19. Trop long… et surtout trop ambigu. Le mot « télésuivi » pouvait créér un amalgame avec télé-soin. On l’a donc rebaptisée « COVHO » pour Coordination Ville-Hôpital Occitanie. Et comme on peut la retrouver sur le site de l’Observatoire Régional des Urgences (ORU), via son espace pro, certains font le raccourci… Mais peu importe après tout, l’essentiel étant qu’on s’en serve !
Justement, à quoi sert-elle et est-ce obligatoire ?
Rien d’obligatoire, l’outil est proposé aux professionnels et l’expérience montre qu’ils s’en sont emparés. Notre but est justement de faciliter le quotidien des soignants en renforçant la collaboration entre ceux qui exercent en ville (médecins, infirmiers libéraux…) et ceux qui officient en structure. A l’origine de ce projet, il y a une demande de la médecine de ville et de l’hôpital. Rapidement, un groupe de travail se met en place et est élargi aux représentants de l’URPS IDEL, de l’URPS Médecins et à l’ARS. Il contribue à l’avancée de cette fiche, qui se définit en trois adjectifs et trois objectifs.
Lesquels ?
Dématérialisée. Tout se gère depuis son ordinateur ou Smartphone.
Partagée. Médecins comme infirmiers co-renseignent cette fiche.
Sécurisée. Ces infos ne sont accessibles que par des professionnels habilités.
Concernant les objectifs, on parle…
1.D’identifier la gravité de l’état de santé d’un patient cas suspect ou confirmé covid-19 en fonction des réponses apportées à certaines questions.
2. D’orienter ce patient vers la prise en charge adaptée (suivi à domicile, suivi en cabinet médical…) ou, au besoin avec le conseil du SAMU, avec hospitalisation pour les cas les plus graves
3. D’échanger les informations entre professionnels de santé, soit médecin généraliste-infirmier soit médecin généraliste - hôpital, sur le cas d’un patient.
A ce sujet d’ailleurs, je profite de notre échange pour vous informer d’une évolution : le médecin traitant est désormais alerté dès lors qu’une fiche est créée par un de ses confrères pour un de ses patients. Pour les IDEL, c’est utile car ça rend la coordination encore plus simple.
« Notre crédo a été la simplicité. Pas de blabla. Et 2 minutes maxi pour consulter ou renseigner la fiche »
Concrètement, comment ça marche ?
C’est simple. Le médecin généraliste créé le formulaire COVHO, saisit les données administratives et médicales du patient et pose son diagnostic au JOUR 1.
Ensuite, il organise le suivi à domicile, demande un conseil d’orientation ou oriente le patient vers un service d’infectiologie. Dans le cas d’un suivi patient à domicile, l’infirmière et le médecin généraliste partagent le suivi via le formulaire auquel on accède depuis son espace pro de l’ORU, via Smartphone.
Renseigner cette fiche se révèle très pratique quand on se retrouve seul, en tournée, face à un patient, surtout si celui-ci a eu un parcours chaotique ou non-linéaire : centre covid, 15, médecin, autre cabinet libéral… Ici, tout le monde s’y retrouve en un coup d’œil.
Quels sont les utilisateurs cibles ?
Les médecins libéraux exerçant en cabinet ou en centre Covid. En Occitanie, ils sont 1900 (sur 7000) à utiliser activement cette fiche.
On cible aussi les infirmiers libéraux exerçant en cabinet, en SSIAD ou en centre Covid. Déjà 1700 personnes l’utilisent en à peine 6 semaines.
Et une belle marge de progression existe puisque les usages sont variables selon les départements. En lien avec la situation épidémique hétérogène dans notre région mais aussi au degré de connaissance de l’outil, d’où la nécessité de le faire connaitre plus largement. Pour ça, je remercie l’URPS pour cette tribune.
Au total, ce sont près de 17 000 fiches qui ont été créées depuis le 19 mars. Les retours sont très positifs ! D’autant que l’accès à la fiche COVHO vient même d’être élargi en plus des services hospitaliers spécialisés en médecine infectieuse, aux autres services accueillant des patients covid+, à la réanimation, à la surveillance continue et/ou soins intensifs, comme au service des urgences.
Dernière nouveauté : l’insertion d’un champ relatif au dépistage avec date, type et résultat du test. Incontournable maintenant que les tests sont systématiques.
Pour découvrir, accéder et utiliser "COVHO" : CLIQUEZ ICI.