[ARCHIVE] LA PRISE EN CHARGE INTER-CABINETS, ILS L’ONT TESTÉE, ILS EN PARLENT

Publié le Jeudi 28 mars 2019 - Mis à jour le Mardi 25 août 2020

Thomas Dupuis-Bleau, infirmier libéral au sein du quartier des Minimes, à Toulouse, a expérimenté la prise en charge inter-cabinets pour la première fois il y a deux ans. Pour notre URPS, il partage son expérience.

Thomas Dupuis-Bleau est infirmier libéral depuis quatre ans. Son cabinet, qu’il a constitué avec un confrère, gère en parfaite autonomie une patientèle tout à fait ordinaire. « Ce qui ne nous empêche pas de faire de sacrées journées de travail », précise le jeune homme, par ailleurs membre d’une association infirmière locale, l’ABIIL (association de base des infirmières et des infirmiers libéraux), aux objectifs multiples : former, informer, rassembler les professionnels libéraux du secteur.

Au sein de l’association, la question de la prise en charge des patients est bien sûr au cœur des conversations, y compris les dossiers gérés en inter-cabinets dans le cas, par exemple, des prises en charge considérées comme « trop lourdes » pour un seul regroupement d’infirmiers.

Exemple avec Thomas, en 2017. En exercice depuis déjà deux ans, il reçoit un matin un appel d’un cabinet infirmier qui lui demande de partager avec eux la prise en charge d’un patient tétraplégique. Ce patient requiert cinq passages par jour (sondes, etc.), des mises en fauteuil, une toilette quotidienne, ainsi que des soins multiples. « Bref, une prise en charge chronophage et complexe », se souvient Thomas, néanmoins satisfait de voir dans les yeux de ce patient la reconnaissance d’un travail qui respecte alors son choix absolu : le maintien à domicile. Bilan, pour Thomas, de cette collaboration : positif. « Assumer ça tout seul, cela essoufflerait tout cabinet, quel qu’il soit. La prise en charge coordonnée entre plusieurs cabinets présente l’avantage qu’elle rompt la monotonie comme l’isolement des tournées, qu’elle prévient une certaine forme de fatigue physique et psychologique… », explique-t-il, précisant à la marge que si certains pourraient être tentés de tout assumer en solo, ce n’est pas selon lui, une bonne solution : « Si c’est pour travailler au pas de course et dégrader la qualité des soins sur l’autel de la rentabilité, non merci », conclut-il.

Même son de cloche chez sa consoeur, elle aussi Toulousaine, Marine Dudek, en libéral depuis sept ans et située, elle aussi, du côté des Minimes. Elle connaît bin évidemment Thomas comme la plupart des IDEL du secteur, mais n’a pas encore eu l’occasion de travailler avec lui sur un cas de prise en charge partagée. Ce qui ne l’empêche pas de pratiquer le partage des tâches avec d’autres cabinets, comme notamment celui de Pascale Cazaneuve, élue de notre URPS. Face à l’activité croissante de son cabinet et pour répondre à la demande à des périodes parfois charnières, elles et ses associées auront choisi de faire appel à des confrères/consoeurs « pour ne pas lâcher nos patients ». Elle explique : « Un des avantages d’exercer en libéral, c’est l’approche, qui est beaucoup plus globale. On s’occupe du patient dans son ensemble, on rassure et conseille la famille, on sert de coordonnateur à son chevet… Bref, une relation se crée et ce lien, on ne veut pas le briser car il contribue aussi au bien-être de nos patients. L’avantage de la prise en charge partagée, c’est qu’on maintient des repères et un certain confort pour nos patients plus anciens, tout en répondant présent à l’appel de nouveaux », résume-t-elle. Concrètement, la répartition prend la forme de l’alternance : l’une prend en charge la tournée du matin, l’autre celle du soir. Ou un jour l’une, un jour l’autre. « C’est selon », sourit Marine, en rajoutant une précision, essentielle à ses yeux : « Ha oui, j’allais oublier : pas plus de deux cabinets, nous compris, autour du chevet du patient. L’entreprise libérale doit placer l’humain avant tout, y compris devant la logique économique ». Interrogée elle aussi sur les CPTS, elle répondra du tac au tac : « Difficile, pour l’instant, de se faire un avis. Mais j’ai compris que la coordination était au cœur de ce dispositif et sur ce sujet, je pense que les IDEL ont un vrai atout dans leur jeu : on sait travailler avec tout le monde, on a des liens avec l’HAD, les médecins, les pharmaciens et bien sûr entre nous… Donc sur notre capacité à nous adapter, je ne suis pas inquiète ».